RETOURS SUR MES IMPRESSIONS AU FIL D’UNE QUINZAINE D HEURES D ECOUTE DE L'IMMANIS
PREAMBULE (POURQUOI L'IMMANIS)
J’ai découvert les casques RAAL 1995, Magna et Immanis, lors du week-end inauguration du showroom en juin dernier. A mon arrivée, je n’avais pas d’autres objectifs que de passer deux journées conviviales en compagnie de passionnés, tout en découvrant quelques belles électroniques et casques. Et surtout, j’avais déjà prévu d’investir dans un câble Danacable Lazuli Reference Plus pour mon Susvara dans les jours suivants (après avoir mis un peu de temps pour mettre les sous de côté…). Cet investissement s’inscrivait dans une phase d’optimisation de mon système (câbles secteur, câbles modulation, câble casque…) : j’avais été totalement emballé par ce Danacable après un essai convaincant à la maison (j’en parle dans un fil dédié sur ce forum). Cet investissement tombait sous le sens de ma démarche et permettait de transcender le Susvara.
En arrivant le samedi matin du WE inauguration, j’ai commencé par hasard avec une écoute sur le Magna… A ma grande surprise, j’ai immédiatement beaucoup apprécié cette écoute, qui s’est prolongée, car tout me plaisait, rien ne sonnait faux. J’avais juste envie de savourer sans chercher à mettre en défaut le casque. Finalement, en le reposant, je me suis dit « waouh, mais il s’approche d’une certaine perfection ce Magna, il ne manque rien, et il me plait énormément !!! Mince, il n’y a pas que le Susvara qui fait de la très belle musique comme j’aime ??!! ». Je ne savais rien de ce casque, et n’avait pas la moindre idée de son prix… Aucune influence donc.
Puis, d’écoute en écoute, jusqu’au dimanche après-midi, en passant du Susvara, au Susvara Unveiled, et à l’Immanis donc, sur plusieurs systèmes, écoutes parfois un peu décevantes, parfois addictives, parfois spectaculaires, j’ai commencé à douter de l’intérêt de « simplement » investir dans un Danacable pour mon Susvara alors que cet Immanis me plaisait de plus en et me procuraient des sensations nouvelles et très intéressantes. Les échanges avec Aleksandar (concepteur des casques RAAL), présent pendant tout le WE, ont contribué à me convaincre, après avoir mieux compris le « concept » de ces casques totalement uniques. Et donc la question de revoir mon projet de Danacable venait à sérieusement se poser.
Et c’est finalement à mon retour à la maison, en reprenant les écoutes sur mon système (avec le Susvara donc), en ayant encore bien en mémoire les écoutes avec l’Immanis au showroom, que j’ai pris la décision après quelques jours de réflexion, d’abandonner mon projet d’upgrade du Susvara avec le Danacable, et d’investir dans l’Immanis ! Ce qui m’a poussé aussi à me décider, c’est l’adéquation de mon système avec l’Immanis (grâce une amplification très solide et qualitative). Aleksandar m’a d’ailleurs confirmé que mes blocs mono 300B conviendraient à l’Immanis, notamment en utilisant un préampli passif avec un système de potentiomètre à échelle de résistances. L’arrivée de ce casque ne devait donc pas imposer de changement majeur dans mon système, ni exiger d’investissement conséquent.
Sur la base des conseils d’Aleksandar, j’ai anticipé la livraison du casque en faisant l’acquisition d’un préamplificateur de chez KHOZMO, modèle passif doté d’un potentiomètre très perfectionné et s’effaçant au maximum au profit du signal sortant du DAC :
https://khozmo.com/product/stereo-with-input-selector/ (modèle : 64 steps SHUNT ZFOIL + AMRT). L’idée étant que la moindre exigence de l’Immanis en matière de puissance par rapport au Susvara, me permette de remplacer le Head2 par ce Khozmo, la finalité étant de donner la possibilité à mon DAC et mes Achilles de s’exprimer pleinement, d’imposer leur « signature », et d’améliorer la « transparence » globale. Et au passage je gagne une télécommande, des tubes en moins, et plusieurs entrées avec un sélecteur en vue de m’offre un jour un beau lecteur CD...
Afin de valider les options de ma commande de l’Immanis (interface pour ampli enceintes, et/ou interface pour ampli casque, longueur des câbles), mais aussi de valider la meilleure solution d’amplification, Charles m’a prêté un Immanis dès mon retour de vacances. Merci à lui une fois encore !!!
DEROULEMENT DES ECOUTES
J’ai commencé par une première soirée de 2 heures environ avec l’Immanis branché sur l’interface RCDI 32 Ohm, alimentée par les Achilles (borniers enceintes), eux-mêmes préamplifiés par mon préamplificateur passif Khozmo (DAC : MERASON Frérot, STREAMER : sMS 200 Ultra). Je me suis laissé « imprégner » par la restitution de ce casque, sans revenir sur le Susvara, seulement en basculant quelques secondes de temps en temps sur mon système nomade (Aura + Lotoo PGT) car je ressentais le besoin de confirmer certaines impressions.
J’ai poursuivi le lendemain en modifiant le plan d’attaque : remplacement du préampli passif Khozmo par le Trafomatic Head2, en faisant des écoutes comparatives :
• Immanis branché sur l’interface RCDI 32Ohm sur les Achilles (avec donc le Head2 en préamp)
• Immanis branché sur l’interface RCDI 8Ohms directement sur le Head2 (sortie casque XLR4)
• Susvara sur le Head2 (sortie casque XLR4)
Ensuite, à partir de la 3ème session, je n’ai plus du tout écouté l’Immanis en direct sur le Head2, mais seulement via les borniers des Achilles, en alternant la préamplification via le Head2 et le Khozmo d’un jour à l’autre. Je n’ai pratiquement plus écouté avec le Susvara.
PREMIERE SESSIONS D’ECOUTE
D’un point de vue « pratico-pratique » :
• L’Immanis est un casque qui a effectivement besoin de puissance, mais moins que le Susvara : le potentiomètre de mon préampli Khozmo était réglé entre 40 et 45 (sur un total de 64 pas) avec l’Immanis, quand il est habituellement entre 50 et 55 avec le Susvara. Pour mémoire, les Achilles sortent 8W chacun…L’interface 32 Ohm divise par 4 la puissance des Achilles, et l’Immanis dispose donc de 2W.
• L’Immanis est confortable malgré son poids, mais pour moi pas autant que le Susvara. Ce dernier se chausse et se porte comme une paire de grosses charentaises moelleuses. On peut l’avoir sur la tête de longues heures, aussi bien en bossant à son bureau, qu’en étant vautré dans son canapé. Il se fait presque totalement oublier (sauf l’été avec la chaleur). L’Immanis donne moins cette sensation de pantoufles, mais après 2 heures d’écoute dans le petit canapé de mon bureau, et une fois la position bien trouvée sur le crâne et autour des oreilles, c’est agréable et sans douleur, ni point chaud ou de pression… La dimension des « cups » laisse beaucoup de place pour les oreilles, et le serrage est très faible, cela contribue au très bon confort global.
• L’Immanis est un superbe objet, dans le sens où il ressemble plus à une pièce d’orfèvrerie ou d’horlogerie, unique mais parfaitement pensée et réalisée avec un souci du détail évident, qu’à un objet industriel de grande série. Côté goût et couleur, je vais opter pour l’option « silver » : toutes les parties dorées sur le modèle de base sont argentées avec cette option

. A noter que c’est extrêmement rare de pouvoir choisir différents coloris pour un casque haut de gamme !
• Le cable est léger, souple, totalement non microphonique. Rien à redire, il se fait oublier.
• Attention aux « grosses têtes », et je pense que c’est un point faible de ce casque : l’amplitude de réglage vers le haut semble limitée. J’ai un crane de dimension moyenne (mes casques de vélo sont tous en M), et l’Immanis doit être placé sur l’avant dernier plus grand réglage pour qu’il soit bien installé…
Quant à la musique :
• Aucune mauvaise surprise, bien au contraire ! J’avais une petite appréhension car au showroom j’avais fait des écoutes sur des très beaux systèmes (Amethyste, Nimbus...), potentiellement plus doués que le mien, et je ne savais pas comment le casque allait se marier avec les Achilles notamment, même si tout semblait favorable. Les premières impressions m’ont vite rassuré, je n’ai perçu aucun déséquilibre ou manque, depuis les infras graves ou extrêmes aigus !
• Toutes les écoutes que j’ai pu faire lors de cette première session, sur la base de ma playslist de test Qobuz m’ont révélé que l’Immanis propose une restitution « technique », « analytique », très avancée. Il délivre en effet une quantité de détails incroyable, avec une aération, un détourage, une micro-dynamique absolument énormes et dépassant nettement ce à quoi je suis habitué avec le Susvara et les Aura. Les qualificatifs « technique » et « analytique » qu’on pourrait utiliser ici, sont d’après moi beaucoup plus positifs que négatifs. En effet, ce caractère très résolvant, avec – de mémoire - un niveau de détail que je n’ai entendu que sur le Shangri La Sr (je n’ai plus en tête le X9000), s’accompagne d’après moi d’un caractère très musical. Cette musicalité s’entend dans le sens où tout sonne très juste : les timbres des instruments et des voix, me sont apparus très naturels, sans » fausse note » et joués comme je les connais (au concert, et avec mes systèmes de référence). A aucun moment je ne me suis dit qu’un instrument sonnait trop comme ci, ou pas assez comme cela, ou bien que la voix de tel chanteur n’était pas comme d’habitude, comme je la connais, ou sonnait curieusement. Il y a de la matière là où il faut, c’est riche et pas du tout sec et froid (j’avais eu cette sensation désagréable en faisant un essai au showroom sur le Viva Egoista 845).
• L’ensemble est donc très naturel, mais pas avec le caractère légèrement mate du Susvara. Même sans faire de comparatif lors de cette écoute, et donc seulement sur la base de ma mémoire et de la grande connaissance que j’ai du Susvara, j’ai perçu instantanément le caractère plus clair de l’Immanis (comme d’ailleurs le Susvara Unveiled). Ce n’est pas seulement parce que le casque semble sans limite dans les aigus, ou produirait seulement plus d’aigus que le Susvara. C’est globalement une présentation qui donne plus de luminosité et plus de contraste. On le ressent également dans la gamme des médiums (haut-médiums inclus). Ainsi, parfois, je dis bien parfois, ces médiums peuvent sembler un peu moins en avant qu’avec le Susvara. Cela peut-être une guitare qui ressort un tout petit moins dans un morceau pop/rock, ou une caisse claire qui semble sonner un peu différemment dans un trio jazz. Je ne sais pas laquelle des restitutions est la plus juste. C’est peut-être de l’ordre du personnel, donc une question de goût, de perception, de sensibilité. Mais dans un cas comme dans l’autre, c’est agréable et réaliste, et avec une définition supérieure sur l’Immanis.
• A côté de cela, j’ai immédiatement ressenti un autre trait de caractère assez unique : celui d’un son très vivant, dans le sens du « live ». J’y associe deux qualités : une scène sonore tridimensionnelle gigantesque pour un casque, et une dynamique tout aussi superlative. Alors bien sûr, on perçoit extrêmement bien les caractéristiques du lieu de l’enregistrement, et on s’y projette, mais cela ne se limite pas à cela. D’ailleurs, le Susvara le fait aussi très bien, mais autrement, car dans un volume plus restreint. J’ai plus de mal à décrire ce que je ressens ici avec l’Immanis : je crois que cela tient aux effets « holographiques » qui donnent la sensation de sons qui proviennent de toute part et pas d’un haut-parleur très directif. C’est un peu la sensation que l’on a dans un grand auditorium à l’écoute d’un orchestre en acoustique. Je ne peux pas me référer ici à un système sur enceintes car je suis équipé d’un système beaucoup trop modeste (<1000€ ampli + lecteur CD + enceintes + streamer). La dynamique est donc vraiment impressionnante, du plus petit son noyé dans un grand orchestre symphonique, à la frappe puissante sur la grosse caisse d’un groupe de blues rock comme The Black Keys. Tout semble perceptible avec le juste niveau. Et enfin, je n’en ai pas parlé jusqu’à maintenant : l’Immanis offre des graves, des infra-graves somptueux. Le Susvara n’est pas loin (avec les Achilles), mais l’Immanis est encore plus net, détouré, et propre. Je serais curieux de le confronter à l’Abyss 1266 sur ce paramètre, pas certain qu’il fasse beaucoup mieux (souvenirs trop lointains) !
• J’ai pris une très grosse décharge émotionnelle quand je suis passé aux écoutes de mes titres de musique classique de référence (principalement orchestrales : chambre ou symphonique). Je pense que c’est l’ensemble des forces de ce casque décrites précédemment (scène sonore, aération, résolvance…) qui contribuent à transcender les titres que je connais très bien. A chaque piste commencée, j’avais l’impression de littéralement plonger dans l’œuvre, mais pas dans l’orchestre, et d’entendre des subtilités qui m’avaient échappées jusqu’à maintenant. C’est comme si j’avais LA place parfaite dans une salle à l’acoustique impeccable avec les meilleurs musiciens et que je pouvais suivre note à note la partition du chef. Il y a du recul comme en concert, ce qui permet de percevoir le message dans son ensemble, mais sans les inconvénients de l’éloignement de la scène qui génère parfois des déséquilibres ou un manque de détails selon le placement. De ce point de vue, j’ai été moins impressionné avec les trios de jazz contemporain (Avishai Cohen ou Tingvall Trio), avec lesquels je trouve le Susvara vraiment au top et tout à fait à sa place. C’est à approfondir, mais je crois qu’ici, dans ce domaine du classique, l’Immanis va me permettre de faire un saut qualitatif phénoménal.
• Ce sont aussi les voix qui m’ont bouleversé avec cet Immanis : elles gagnent en présence par rapport à mes habitudes sur le Susvara, c’est net, pas besoin de faire un comparatif instantané. Que ce soit sur des voix masculines, féminines, très pures ou rocailleuses, cette présence accrue se manifeste par un ensemble de nuances, de contrastes, de détails, qui rendent l’écoute encore plus addictive et passionnante, mais aussi plus émouvante. L’artiste se fait plus présent, et semble chanter pour nous et pas seulement derrière un micro dans un studio ou une salle de concert. Bluffant ! Frissons garantis !!
==> Globalement, à l’issue de cette première soirée, j’ai envie de dire que l’Immanis semble tout à la fois être une loupe comme peuvent l’être l’Utopia ou le SR1, mais aussi une salle de spectacle comme peut l’être l’Aybyss 1266, tout en proposant la justesse et le naturel du Susvara (malgré un équilibre différent). Le tout sans faiblesse évidente !
Alors à la longue, l’Immanis pourra-t-il être fatigant ? Peut-être, mais certainement pas du fait de son équilibre. Une éventuelle fatigue ne viendra pas pour moi d’un excès d’aigus ou de haut-médiums par exemple. En revanche, alors que la matité, le côté nonchalant, flegmatique du Susvara permet de très longues écoutes sans la moindre fatigue naissante, l’abondance de détails ou la très grande dynamique offerts par l’Imannis pourraient peut-être fatiguer d’un point de vue mental et le rendre moins facile à écouter dans le cadre d’une écoute « récréative » ou en accompagnement d’une autre activité (lecture, travail…). L’Immanis ne me semble pas aussi facile à « apprivoiser » que le Susvara, ou même le Susvara Unveiled, ou encore les Aura. Son approche moins lissée, moins globale, plus résolvante et très dynamique, pourrait lui conférer une moindre accessibilité car mentalement plus sollicitant. C’est à confirmer sur le plus long terme, et c’est également à nuancer car je suis convaincu que les électroniques, les câbles, en amont du casque jouent un rôle prépondérants sur cet aspect.
J’ai eu du mal à arrêter ces premières écoutes, mais il le fallait car le réveil allait sonner tôt pour aller au boulot le lendemain ☹. J’avais très envie d’aller à la (re)découverte de ma discothèque, d’écouter autrement mes œuvres préférées, de les savourer avec un nouvel assaisonnement. De toute évidence, cet Immanis a déclenché, depuis que je l’ai découvert mi-juin, un regain d’intérêt dans ma passion pour la musique. Il m’ouvre de nouvelles perspectives et m’entraine dans de nouvelles sensations, que je ne pensais pas connaitre après seulement quelques années dans le monde du casque.
DEUXIEME SESSION D’ECOUTE
Dès le début de la 2ème soirée, j’ai fait un constat absolument évident : l’Immanis est bridé quand il est amplifié directement sur le Head2 (vs Achilles + Head2), et certaines de ses qualités sont comme gommées ! Et je ne crois pas que cela soit en rapport avec un éventuel manque de puissance de l’ampli, car son potard ne dépassait jamais 11h. En faisant une comparaison rapide entre l’amplification Achilles+Head2 vs Head2 seul, j’ai entendu immédiatement que les Achilles :
- ouvrent énormément la scène, dans toutes les directions
- apportent un niveau de détails supérieur
- aèrent l’écoute, détourent les notes,
- relâchent, décompressent la restitution et la rendent plus dynamique.
Les différences entre ces 2 modes d’amplification sont bien plus importantes, évidentes, intenses avec l’Immanis qu’avec le Susvara. Cela tendrait donc à démontrer que ce casque RAAL a une très grande capacité à révéler les qualités et les défauts de la chaine : streamer, dac, ampli, câbles etc… Par conséquent, je crois qu’il faut veiller à ne pas associer n’importe quelles électroniques, au risque de ne pas profiter de certaines de ces qualités. Mais je crois que cette contrainte peut-être aussi vue comme une force : si par exemple on veut jouer légèrement sur tel ou tel paramètre, en changeant d’ampli, ou juste de tubes, ou bien de câble de modulation ou encore de DAC, on est certain d’obtenir des résultats très audibles et d’orienter la restitution plus dans une direction qu’une autre. Il faut juste ne pas tromper… et surtout faire des essais !
Donc première décision majeure à l’issue de cette 2ème soirée d’écoute : je conserve les Achilles, et j’abandonne totalement la solution de l’amplification en direct par le Head2 que j’avais envisagé. Mes petits Achilles montrent une fois encore qu’ils sont des champions du rapport prix/prestation !!
Autre constat important qui est ressorti de cette deuxième session : en faisant quelques allers-retours entre l’Immanis et le Susvara, je confirme que ce dernier reste à mes oreilles extrêmement performant et tout aussi agréable. Pour moi, les nombreuses et grandes qualités du Susvara lui permettent de se maintenir à un niveau de prestation globale à peine en-dessous de celle de l’Immanis. Le Susvara n’est pas du tout « enterré vivant » ! Même s’il offre une scène sonore moins vaste, un dynamisme inférieur, il a pour lui une holographie, et une précision spatiale absolument géniales. Il a aussi une douceur, une certaine nonchalance qui reste uniques car elles se manifestent peu au détriment d’un niveau de détails élevé. Alors oui, l’Immanis dessine des contours encore plus nets, il présente les voix avec encore plus de nuances, de micro-dynamique et donne de l’air. Il est aussi plus contrasté et vous place dans une perspective « live ». Mais il se laisse moins apprivoiser et demandera de rester bien concentré pour l’apprécier, au moins pendant les premiers temps.
Lors de cette deuxième session, je n’ai pas réussi à affirmer si l’écoute était « meilleure » avec la pré-amplification par le Head2 plutôt que par le Khozmo, mais je pressentais déjà plus de matière et de douceur avec le Head2 (en 24h ma mémoire auditive s’est en grande partie évaporée). J’ai donc décidé d’éclaircir ce point lors des sessions suivantes. La mise en œuvre est délicate car à chaque fois il faut débrancher/rebrancher les 2 paires de câbles de modulation, et ça, je ne le fais qu’avec le matériel éteint, refroidi, et donc aussi avec un temps de chauffe après re-branchement.
J’ai écouté beaucoup de styles différents pendant cette 2ème session, et j’ai pu apprécier la polyvalence impeccable de l’Immanis. Je ne l’ai jamais senti en décalage, ou en faiblesse. Il semble tout faire avec brio, même avec des instruments difficiles à reproduire (orgue, clavecin, piano...). Son équilibre global, associé à ses autres qualités comme le très haut pouvoir de résolvance, lui permettent d’être à l’aise dans tous les styles musicaux.
J’ai fini avec quelques pistes des bons vieux Dire Straits, qui parfois sonnent très mal sur certains casques, autant pour la voix de Mark Knopfler que les solos de saxo ou de guitare. Elles sont très révélatrices d’un éventuel déséquilibre dans la réponse en fréquence des casques (je me souviens d’ailleurs d’une écoute de l’album Communiqué, pas « jojo » du tout avec le Meze Elite…). Et ici, avec l’Immanis, c’est impeccable, tout est bien comme il faut. Mais ce n’est pas tout : la voix du chanteur est plus nuancée qu’avec le Susvara, les guitares sont légères, aériennes, la basse se détache de tout le reste, avec du punch, et l’ensemble gagne en dynamisme, en contraste, en couleurs. C’est très impressionnant de vie et de sensation « live » !
TROISIEME SESSION D’ECOUTE ET SUIVANTES
• Au cours de la 3ème session, et lors des suivantes, j’ai tenté de cerner les différences entre la préamplification passive via le Khozmo et la préamplification active via le Head2, l Immanis étant toujours connecté sur la RCDI 32 Ohm, puis sur la CRDI 8 Ohm, elle-même connectée aux borniers des Achilles. Et bien sûr, j’avais aussi tout simplement envie de me faire plaisir (je me lasse assez vite à "écouter du matériel", et quand il me plait, je n’ai pas très envie de creuser, seulement de profiter...).
• Comme je l’ai dit, il faut un long moment pour passer d’une préamplification à l’autre (plus d’une heure), et pendant ce temps ma mémoire s’évapore bien vite. Mais en faisant la bascule même à 24h d’écart (ce que finalement j’ai fait pour éviter les allumages trop fréquents des Achilles), je peux désormais affirmer que :
- avec le Head2, l’écoute gagne en "épaisseur". Les notes ont comme plus de poids, plus de matière. Les voix sont plus charnues, et un peu plus douces. Cela semble ainsi potentiellement moins fatiguant car moins détaillé (sans certitude d’un risque de fatigue quelconque dans un cas comme dans l’autre). Mais en contrepartie, la perte de nuances, de détails, de lisibilité globale que je perçois fait perdre de l’intérêt à l’écoute, je plonge moins dans l’œuvre, je me perds moins dans l’émotion.
- au contraire, avec le Khozmo, tout est très aérien, léger, fluide et donc moins « gras » (attention, on est dans la nuance, on ne passe pas d’un Empyrean à un HE1000 SE !!). En contrepartie cela peut sembler peut-être un tout petit peu (je dis bien « un tout petit peu ») décharné en cherchant vraiment "la petite bête". C’est à relativiser car j’ai l’habitude du Susvara, qui sur mon système donne justement des écoutes très charnelles, très douces voire un peu enrobées. Tout semble ici avec le Khozmo extrêmement aéré, propre, et détouré. On sent que l Immanis donne tout son potentiel en termes de détails, de micro et macro dynamique.
- du point de vue des dimensions de la scène sonore, tout est un peu repoussé avec le Khozmo. Là encore, on est dans la nuance, mais c’est perceptible.
• Durant ces écoutes comparatives KHOZMO / HEAD2, j’ai essayé de ne pas trop me laisser influencer par l'envie de garder le Khozmo plutôt que le Head2 pour son côté pratique (télécommande, dimensions réduites, pas de chauffe), pour sa simplicité (pas de tube) et aussi parce que la vente du Head2 ferait du bien aux finances...
Mais finalement, alors que j’ai commencé par préférer l’écoute avec la préamplification via la Head2, c’est finalement via le Khomzo que j’ai le plus pris mon pied ! Cela se confirmait d’écoute en écoute. J’avais sans doute besoin de prendre mes repères avec cette sonorité singulière de l’Immanis s’exprimant pleinement, surtout venant d’un Susvara alimenté par un système pas tout à fait neutre…
CONCLUSION : QUEL CASQUE !
Après une petit quinzaine d’heures de découverte, j’ai vraiment envie de dire que cet Immanis est un très très grand casque. Aucun doute pour moi, il se classe dans les tous meilleurs, au côté par exemple du STAX X9000, du Shangri La, des 2 Susvara, voire du Solitaire pour citer ceux que je connais (plus ou moins). C’est une sacrée réussite, qui propose une magnifique alternative aux autres casques du top 10, et que vous devez absolument considérer si vous êtes tenté par une nouvelle aventure musicale. Je n’ai pas envie de dire que l’Immanis est meilleur que l’un ou l’autre. A ce niveau, c’est une affaire de goût, de ressenti, et aussi d’association avec les électroniques.
J’ai donc aussi envie de rappeler que le « bon vieux » Susvara garde toute sa superbe, reste dans la course. Il se maintient pour moi dans le quintet des numéros 1. Bien mis en œuvre, il n’est pas si loin de l’Immanis, et garde pour lui un confort de port et d’écoute exceptionnels et uniques. Etant donné les écarts de prix avec un Immanis, ou un Shanrgi La, je pense même que ce Susvara gagne en intérêt aujourd’hui, surtout si vous remplacez le câble d'origine par un Danacable !
A l’issue de ces sessions, je pense que mon choix se portera sur la préamplification via le KHOZMO (8 à 9 chances sur 10 je dirais). Je vais me laisser quelques semaines après la livraison de mon Immanis, avant de faire le choix entre le TRAFOMATIC et le KHOZMO, au cas où je ne finirais par percevoir un peu de fatigue avec le Khozmo (je n’y crois pas vraiment).
Je patiente maintenant encore quelques semaines avant la livraison, et je vais savourer ces derniers moments en compagnie du Susvara. Il m’a procuré énormément de plaisir depuis plus de 2 ans, sans jamais que ne je n’ai l’impression qu’il me manquait quelque chose, ou que j’aie envie de passer à un autre modèle. J’espère qu’il en sera de même avec l’Immanis !
Un dernier immense merci à Charles:
- pour l'organisation exceptionnelle du week-end inauguration, avec notamment la participation d'Alexksandar ,
- pour nous proposer et nous faire découvrir de si beaux appareils qui servent la musique, rien que la musique
!
NB : si vous cherchez un Susvara dans un état exceptionnel, vous savez qui contacter... (mp!)