Bonsoir à tous,
J’ai la chance d’avoir en main depuis 2 jours un très beau Gjallarhorn (merci Pierre
) car j’étais très curieux de tester ce casque qui sur le papier m’intéressait beaucoup.
Je n’ai pas une grosse expérience de l’écoute au casque (4-5 ans), j’apprends tout doucement, mais je tenais un faire un petit retour ici pour partager mes impressions, avec mes mots (peut-être pas toujours bien choisis…).
Je me suis empressé de démarrer les écoutes dès vendredi soir, sans avoir visionné auparavant la vidéo de Pierre à son sujet, et sans avoir relu les commentaires du forum, histoire de ne pas me laisser influencer. J’ai attaqué sur mon matériel tel que décrit dans ma signature, en utilisant le RME ADI-2 en tant que DAC + ampli (donc sans l’ampli Sugden au départ).
La première idée que j’avais en tête: est-ce qu’il fait mieux que le Thekk dans le bas du spectre, à savoir descendre plus bas, et en donner un peu plus, domaine où le Thekk a pour moi une certaine faiblesse, sans perdre par ailleurs... De toute évidence, dès les premières pistes bien choisies pour chercher à mettre ceci au clair, j’ai ressenti un niveau de graves supérieur à celui du Thekk, et une capacité importante à descendre beaucoup plus bas. Bon départ donc !
J’ai donc ensuite enchaîné de nombreuses pistes de jazz contemporain (Tingvall Trio, Emil Brandqvist Trio, Gogo Penguin...), puis du classique varié (symphonies, lieder…), en me laissant aller, et sans me focaliser sur un domaine particulier.
Voici ce que j’ai ressenti, plus ou moins “en vrac”:
- on sent bien que ce casque est fermé, certes je ne ressens pas du tout d’effets de résonance (ce qui est très rare je crois pour un casque fermé), mais les scènes sont plus étriquées qu’avec le Thekk, ça « respire » moins et j’imagine moins facilement la pièce où a eu lieu l’enregistrement qu’avec le Thekk (studio, église, opéra, scène…),
- ce casque accepte de jouer très fort, sans déformation du message sonore, et inversement à bas volume il reste super bon à tous les niveaux
- comme les graves, les aigus sont plutôt bien en avant, et j’ai parfois l’impression qu’ils manquent un peu de finesse pour mes oreilles qui supportent mal certaines fréquences élevées. J’ai entendu des petits sssss sur les s de certains voix, ce que le Thekk ne fait pas ou quasi pas (sibilances),
- les graves sont très percutants, mais ils ne bavent pas et ne résonnent pas, je suis très convaincu,
- les voix m’ont semblé plusieurs fois un peu nasillardes, voire aigres, ce que je ne ressens jamais sur ces mêmes voix avec le Thekk. Elles m’ont parfois donné l’impression (en exagérant) de sortir d’un porte-voix conique. Ennuyeux mais peut-être à vérifier sur d'autres musiques…,
- sur les trios de jazz, le piano me semble toujours d’un niveau sonore supérieur à ce dont j’ai l’habitude avec le Thekk, avec peut-être un peu moins de définition. Inversement la caisse claire est toujours en arrière par rapport au Thekk: curieux phénomène que je ne sais expliquer… Les grosses caisses sont superbes sur le Gjallarhorn, les bois plus ou moins comme sur le Thekk, le piano un peu moins « net », les cuivres un peu plus clairs, les cordes frottées moins soyeuses,
- la résolution me parait dans son ensemble très convaincante, sans doute proche de celle du Thekk, sur les pistes que j’ai écouté,
- le caractère global du Gjallarhorn me semble très « incisif », c’est rapide, ciselé. C’est même tranchant !
- sur les musiques électroacoustiques, la restitution du Gjallarhorn donne envie de bouger, de taper du pied, c’est très dansant et en même temps très riche avec beaucoup de micro informations. Le casque ne se contente pas du tout du tout de faire boum boum, et il donne beaucoup et avec justesse.
Un peu plus tard, en revenant sur le Thekk le temps de 2 ou 3 pistes, je me suis dit: il n’en fait pas un peu trop ce Gjallarhorn? Il ne va pas finir par me fatiguer avec son caractère fougueux ? Du coup, pourquoi je ne l’essayerais pas sur mon ampli Sugden, que je trouve plus posé, plus tempéré que le RME? Donc je branche, et en quelques minutes je découvre un casque en quelque sorte bridé, dans le bon sens du terme ici, du coup bien plus agréable pour mes oreilles maintenant bien habituées à la douceur du Thekk! Le Gjallarhorn trouve un équilibre qui me convient beaucoup mieux avec cet ampli, au contraire du Thekk qui se marie bien mieux avec le RME.
Je me dis ainsi qu’un casque HDG comme celui-ci, n’est pas forcément capable de plaire si on ne l’associe pas avec un ampli adéquat, dans mon cas de figure c’est absolument flagrant !
Bilan: je retrouve dans ce casque ce qui me manque avec le Thekk, à savoir des graves plus présents mais surtout qui descendent beaucoup plus bas (on sent bien que c’est mon oreille qui est limitée, pas le casque). Mais je perds le soyeux, la délicatesse du Thekk. Le Gjallarhorn m’a semblé vraiment plus démonstratif, plus « gaillard », avec ses avantages et ses inconvénients… Le Thekk est moins exubérant, plus introverti, plus dans la retenue, mais aussi plus fin, plus posé, plus subtil, et plus... reposant. Le Gjallarhorn me donne une sensation de tension, qui pour moi s’est traduite par une certaine fatigue. Ce casque me donne l’impression qu’il manque de relâchement, mais c’est aussi sans doute une qualité car il est « communicatif », plus que le Thekk pour moi !
D’un autre point de vue, j’ai aussi très envie de dire que le Thekk et le Gjallarhorn ont des points communs, et pas les moindres. Par exemple, quand j’écoute une clarinette dans un concerto dédié à cet instrument (et bien enregistré), « flutiau » que j’ai beaucoup pratiqué dans ma jeunesse, j’entends son timbre comme je l’attends, avec le Thekk comme avec le Gjallarhorn : c’est très juste dans les 2 cas. Il en est de même avec d’autres instruments que j’ai pratiqué moins sérieusement dans ma jeunesse, et avec ceux que j’entends parfois en concert. Alors certes, l’ensemble proposé par le Gjallarhorn diffère de celui du Thekk, avec des équilibres un peu différents (scène, ratios basses/mediums/aigus), mais d’un point de vue des timbres j’ai rencontré beaucoup de similitudes (sauf parfois sur les voix comme je l’ai mentionné au début).
Côté confort, j’ai apprécié ce casque : les coussinets sont très souples, il n’y a aucune pression sur le crane, le poids est très contenu. Toutefois le diamètre interne des coussinets est plutôt petit, et les oreilles les touchent ce qui crée un certain échauffement. Pour moi, ce n’est pas problématique car j’écoute jamais plus de 1h30-2h00 d’affilée, mais pour certains cela pourrait donc l’être (morphologie et durée d’écoute).
Quant au look, c’est vraiment une affaire de goût... En général je me fiche pas mal de l’aspect des casques, tant qu’ils sont bien construits et solides. Mais ici, j’avoue que je suis tombé sous le charme, c’est un bel objet, pas du tout tape à l’œil, intemporel, sobre. Le bois vernis est superbe et donne un petit côté néo-rétro fort agréable à l’œil !
Ce Gjallarhorn me semble être un superbe casque, à un prix super bien placé, avec peu d’effets négatifs liés au fait qu'il soit (semi) fermé. Il a un caractère bien trempé, il est démonstratif, peut-être parfois un peu trop pour qui apprécie la douceur. Mais ce caractère ne lui fait pas perdre ce que seuls les très bons casques savent donner (timbres justes, message et informations riches, etc…). J’aimerai beaucoup le comparer au Stellia qui vaut plus du double ! Un dernier mot : d’après ce que j’ai pu entendre, il faudra associer le Gjallarhorn avec un ampli plutôt doux, tempéré. Peut-être un ampli à tubes ? Je ne sais pas… En tout cas, pas à un ampli trop punchy et clair (je ne voyais pas mon RME comme ça pourtant…) !
Merci encore Pierre pour le prêt de ce casque !