Fil très intéressant.
On mélange plein de chose à mon avis.
1ere chose : le critère du choix du client. Il faut dissocier l'approche technique du critère de choix. Le choix passe par le filtre de notre personnalité qui n'est pas mesurable. Ce qui mesure bien ne fera pas nécessairement l'unanimité. C'est donc une affaire personnelle indiscutable avec bien sûr des biais, mais à chacun de faire avec.
2eme chose : le critère performance. Pour réaliser un outil technique il FAUT passer par la mesure, car sinon on brasse du vent en s'appuyant sur un ressenti, on a jamais construit de voiture ou d'avion uniquement au feeling sur des ressentis (si au tout début, et il y a eu pas mal de crashs
).. pourquoi le faire pour un outil à fabriquer du son (et non pas de la musique.. comme je le lit très (trop) souvent...) mais comme base, car comme dit juste au dessus, fort probable qu'on puisse tout mesurer, mais moins probable qu'on sache exactement établir à chaque fois une relation entre mesure et résultat. Un créateur français d'enceinte cher à mon coeur disait toujours, on conçoit par la mesure, on valide par l'écoute. L'un est indissociable de l'autre. Ce qui ne tient pas la route techniquement doit être évacué, la perception seule ne pourra efficacement gérer cet impératif. Mais à mesure équivalente, on retient ce qui nous plait, car l'interaction entre des milliers de paramètres mesurés est très complexe à théoriser. L'acoustique est une loi physique complexe, mais la base est assez solide pour qu'on s'y appuie, le temps de l'empirisme est révolu et heureusement car on gagne beaucoup de temps (et d'argent).
Juste un petit exemple pratique comme argument en faveur de la mesure.. le diagramme polaire.. la courbe de directivité d'une enceinte. Deux enceintes mesurant exactement pareil dans l'axe, auront un comportement totalement différent si leur directivité hors axe est très différente car la pièce réagira de manière très variable. Si je m'intéresse à cette donnée mesurable ça peut m'aiguiller sur une pré-selection d'enceinte à écouter selon que je suis dans une pièce de 20m2 non traitée ou un auditorium traité de 100 m2. Si j'y vais au feeling, je vais perdre beaucoup de temps et surement beaucoup d'argent.
3eme chose : dissocier le concepteur de l'utilisateur... les objectifs ne sont pas toujours les mêmes. D'un côté comme de l'autre. Constituer un système dans son salon comme mélomane averti est fort différent de constituer un système de référence pour fabriquer des disques par exemple. Les concepteurs eux aussi on des objectifs variables. Entre un fabriquant d'enceintes grand public (même HDG) et un fabriquant d'outil de monitoring, le but comme pour l'auditeur, est variable.
4eme les câbles : je ne nie pas l'impact possible des câbles sur un système car on ne mets pas en corrélation avec certitude mesure et écoute sur une échelle de cette finesse. Je mets fortement en cause la pertinence de s'y pencher justement pour cette histoire d'échelle. Par analogie c'est comme juger la qualité d'une source 8k sur un tube cathodique... et encore je crois que l'échelle est encore plus grande ! (là on serait dans l'échelle du rapport d'un DA avec un transducteur...). Les biais cognitifs sont trop forts pour que je m'attarde sur les câbles.. sachez juste que les disques que vous écoutez sont fait sur des câbles "normaux" qui répondent à des normes techniques précises.. et passent souvent dans des patchs avec beaucoup de mètres de câble.. (même si moi j'évite les patchs, car je crois beaucoup plus en l'influence des connectiques que des câbles... )
5eme : Le sujet de ce fil, le système Hifiman. Sur HCFR il y a eu un fil qui a débattu de la justification d'un tel tarif. Si on ne s'appuie sur aucune donnée mesurée... comment catégoriser en gamme tel ou tel système ? sur la perception de celui-ci ? mais alors comment gérer les biais ? L'influence d'une classification préétablie en gamme sur notre approche du produit ? Un positionnement marketing somme toute légitime si il est assumé comme tel ?
La mesure et la conception technique démontrée me semblent d'un plus grand secours pour établir un tel classement. ça la fout mal de vendre très cher un matériel qui ne peut même pas justifier sa technicité (je ne parle pas expressement d'Hifiman, je suis dans une posture généraliste).
J'ai lu que la courbe d'impédance des enceintes était sans importance... je suis totalement en désaccord avec ça. On ne peut à mon avis pas se pencher sur l'incidence des câble et sortir que l'impédance d'un transducteur on s'en cogne... seulement effectivement, l'impédance nominale est peu importante (sauf à éviter de cramer son ampli...) la courbe d'impédance (sur toute la bande passante) est très importante. Elle garantie une bonne conception acoustique et permet de certifier un fonctionnement optimal pour l'ampli.
D'accord pour la puissance admissible. Effectivement à par en sono, pas besoin d'encaisser 120 dB en crète.
D'accord pour les caractéristiques constructeur inutiles quand elles sont volontairement tronquées.. mais dans le monde pro par exemple, comme la technicité est le centre du problème on trouve rarement des données techniques tronquées. Si c'est tronqué c'est que c'est pas sérieux. ça sonnera peut-être agréablement pour certains, mais c'est pas sérieux.
Tout à fait d'accord sur la Bande passante. On ne peut pas juger de la qualité d'un produit uniquement sur sa bande passante. Un "petit" large bande de qualité fera mieux qu'une 3 voies mal conçue... pourtant cette dernière aura de facto une bande passante plus large. Mais produire une énergie sonore ne certifie pas que la qualité de cette production soit bonne... qualité que la mesure peut facilement démontrer.