A mon tour de me fendre, avec un léger décalage, (lourde semaine de taf oblige), de mon retour, éhontément subjectif, sur le PAVS édition 2023.
D’abord un grand merci, encore une fois, à Charles pour sa patience, sa disponibilité, son envie de faire partager ses coups de cœur dans les meilleures conditions possibles.
Un salut très amical aussi à Josselin, jamais loin et toujours prêt à filer un coup de main, et à Giampietro qui, avec son frère, a juste crée ce qui, pour moi, reste la plus élégante et la plus époustouflante série d’amplis casques au monde, les Viva.
En plus d’être venu pour retrouver quelques visages connus, croisés à Nîmes puis à Lyon, et que je salue ici (ils se reconnaitront), et pour échanger avec eux, je venais surtout, comme Emmanuel (Bulpy), pour explorer le monde mystérieux et assez chaotique des intras.
C’est un univers que je commence à peine à découvrir, fait de quelques marques phares, et d’une ribambelle de petites marques plus ou moins artisanales, plus ou moins confidentielles, avec beaucoup d’acteurs venus d’Asie, et pas seulement de Chine (Singapour, Malaisie, Vietnam, Hong-Kong, etc.)
En vrai, je venais même avec un but plus précis encore : découvrir, avec l’intention de les acheter, les Radon 6 de chez Fir Audio.
D’abord, ces intras je les trouve super beaux, super bien finis. Un sacré bel objet, solide, sérieux, avec un câble qui semble très qualitatif aussi. Et puis, ils jouissent d’une popularité hallucinante dans les forums spécialisés, notamment anglo-saxons, mais aussi dans le cœur des audiophiles (en tout cas ceux qui s’expriment et/ou lisent headfi).
C’est simple, depuis plus d’un an, les Radon 6 gagnent tous les sondages effectués visant à élire le « meilleur iem » du marché. Le reste de la gamme Frontier series de Fir est d’ailleurs tout aussi plébiscitée : Krypton 5 et Xeon 6 talonnent le Rn6, perpétuel vainqueur.
Bref, pour moi c’était une formalité : Ce Radon 6 j’allais l’écouter, j’allais l’aimer, et j’allais, dans la foulée, confirmer à Charles que je lui en commandais un. (Etant une édition limitée, il fallait se positionner vite.)
(D’ailleurs, petit coup de gueule en passant : Je suis consterné par cette pratique de plus en plus répandue, qui semble avoir contaminé l’univers de l’audiophilie, ce délire des « éditions limitées ». Genre, il n’y aura que X centaines d’exemplaires dans le monde, dépêchez-vous d’acheter ! Ce qui revient simplement à planifier la pénurie pour justifier des prix délirants et susciter le buzz. C’est très très pénible. Fin de la parenthèse.)
Hop là, j’attaque donc la gamme Frontier Series, de Fir audio, que j’aborde bien scolairement, par ordre croissant : d’abord les
NEON 4.
OK, il me faut pas 30 secondes pour comprendre que c’est pas ma came. (Trop gras. A mes oreilles, tout bave.)
Ensuite les
KRYPTON 5. Ahhhh… Wouaw ! Que d’air, de la place, c’est nerveux, c’est vif, et les basses tapent bien fort… Franchement, séducteur, le petit hyperactif, plein d’air et d’ énergie.
Les
XENON 6… Ouais. Ok. Je commence à capter l’idée de cette gamme : des basses limite subwoofer, des fréquences bien découpées, un truc un peu bizarre : genre un pâté de basses, ça bave un peu vers le bas-médium, le médium qui s’extrait tant bien que mal du marécage de basses, puis se déploie bien, charpenté, généreux, chaud, vraiment agréable, puis petit trou, et des aigus pas trop dangereux, pas trop agressifs… Franchement, pas mal.
Enfin je m’empare des
RADON 6, pour lesquels j’étais venu. Je les aime déjà. Musique. Ouais, sympa ouais… Très sympa… Mais bon, Les Krypton me donnaient le sentiment de plus d’air, d’une scène sonore plus vaste, (sentiment probablement créé artificiellement par leur brillance). Et les Xenon ils avaient un petit côté chaud, une proposition plus singulière, plus assumée… Là c’est un peu un mix, mais ça n’en devient pas une proposition équilibrée, naturelle pour autant. Juste une voie médiane. Perplexité. Comme en amour, parfois on projette trop, et quand vient la rencontre, on est un peu déçu. L’évidence, je ne la ressentais pas.
Surtout que j’avais amené mes deux intras à moi, des Alita d’Aur Audio, et des Mest Mk2 d’Unique Melody, pas des grosses machines de guerre à whatmille dollars, mais pas les premiers venus non plus. Et franchement, ils n’étaient pas meilleurs, mais ils n’étaient pas non plus à des années lumières en-dessous.
Perplexe, et un peu déçu, fatalement, je recommence mes écoutes, passant avec peu de conviction de l’un à l’autre dans l’attente qu’une évidence surgisse au détour d’un morceau, quand Charles me pousse à essayer
les AURA, fruits de la collaboration ponctuelle entre Astell & Kern et Vision Ears. (Série limitée, encore.
)
Bon, des intras à 4900 euros, pour moi ça n’a pas de sens.
En plus, honnêtement, je les trouve visuellement pas fous-fous, et leur câble en plastique marron brillant est presqu’aussi moche que le câble stock du Susvara, c’est dire.
Mais bon, je suis là, et Charles, en vrai dénicheur de pépites (récemment le Charybdis par exemple), me les tend avec un petit sourire entendu. Soit.
Je branche donc les Aura dans le Dap qui me fait face, le
HIBY RS8 (je ne m’y connais guère en Daps mais on est là sur du très très haut niveau comme j’allais vite le découvrir).
Et là, je me la mange ma baffe, et pas qu’un peu.
J’écarquille les yeux, mon rythme cardiaque s’accélère, mon cerveau bugue un peu, et un sourire nigaud monte sur mon visage. J’ai du mal à intellectualiser ce qui se passe : je ne sens pas la présence des Aura, (les bougres sont tellement légers et confortables qu’aussitôt chaussés on les oublie), et les sons partent de dedans la tête, s’ébrouent en totale liberté et galopent au loin. Rien ne les retient, les notes filent à 360 degrés autour de moi et éclatent comme des bulles.
Ça confine vraiment à une expérience un peu magique :
On ne sent plus l’émetteur, on ne localise pas la source dans les oreilles, mais on éprouve la sensation qu’on entend des instruments invisibles, qui se trouvent
autour de nous.
Bref, un putain de kiff.
Les notes ont toutes une profondeur et une évidence, un naturel, qui me déroutent, littéralement.
Tout est là : Impact dans les graves, c’est sec, tenu, texturé, en contrôle, c’est propre et précis, (pas comme les Fir, qui ont un effet subwoofer assez envahissant.)
La clarté et le naturel des médiums. Quelle volupté !
Et ce filé des aigus, les percussions qui tintent, la note qui file loin et longtemps.
Une précision affolante de naturel, et voilà encore quelque chose de troublant : tout est à sa place, mais pas artificiellement placé ; c’est juste au bon endroit, juste là, nous encerlant.
Je suis scié. C’est une expérience aussi intense et bouleversante que celle que fût ma première écoute, à Nîmes, pour le dernier anniversaire du Show room de Pierre, du Shangri-La Senior avec le Viva STX.
Une claque.
Genre avec un avant et un après.
Mais bon, 4900 euros, encore une fois, c'est juste n'imp.
Je rechausse donc la gamme des Fir. Et là, les pauvres, c’est eux qui la mangent la claque : soudain ils paraissent grossiers, patauds, épais.
Tous.
J’essaye les Phenix de chez Vision Ears. Ils me semblent tout plats, tout ternes.
J’écoute mes propres et bien plus modestes intras et bim ! Pareil. C’est autre chose que les Aura. C’est de l’écoute d’intras, c’est joli, c’est en place, mais c’est pas la fucking expérience qui te transporte comme les Auras m’ont transporté.
Et ça, ça pique. (Bordel, on est sur des bouts de plastique qui coûtent 4900 euros !)
Après, je me suis amusé un peu à tester les 3 sources à portée de main, AK SP3000, Lotoo Mjolnir, excusez du peu… les Aura planent toujours très au-dessus de tous les autres intras présents.
Y’a même pas photo. Les Auras m’ont offert autre chose. Un truc que je vais avoir du mal à oublier.
Ils m’ont offert une Expérience. Une nouvelle façon de recevoir la musique.
Et, de mon point de vue, c’est le Hiby RS8 qui les sublime le plus : je ne sais pas si c’est le R2R, ou quoi, mais, avec cette combo, j’ai entendu des nuances, des microdétails, un déploiement de timbres absolument effarants et prodigieusement jouissifs, j’ai pas d’autres mots.
Et voilà. Maintenant, comme avec le Shangri et le STX, je me souviendrais toute ma vie de ma première écoute des Aura et du RS8.
Merci à Charles qui m’a permis cette vibrante découverte.
Il m’avait fallu un an pour assumer que oui, ça faisait sens d’acheter un Shangri et un STX… Je ne suis pas sûr que j’attendrais autant de temps avant de vouloir revivre, quand je veux, chez moi, l’expérience Aura+RS8.
Pardon pour la longueur de ce compte-rendu, et merci à ceux qui auront eu la patience de le lire.
Salutations à tous.
Claudio.