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par François P » sam. août 10, 2019 12:11 pm
Bonjour à tous,
Heureux possesseur d’un Euterpe (j'ai dû acheter un des premiers arrivés à Nîmes), je vais essayer de faire partager une belle expérience d'écoute. Ayant décidé de renouveler mon matériel, j’ai acquis il y a un peu plus d’un mois un Focal Clear, en remplacement d’un Grado PS 500 qui avait tendance à m’agresser au bout d’une heure d’écoute, même si c’est un casque que j’ai beaucoup apprécié en son temps. Il était alimenté par un « petit » Rudistore NX 03, accouplé à un Dac M2Tech Young, première mouture, avec alimentation régulée de bonne facture. L’utilisation du casque était, je précise, assez occasionnelle.
J’avais été très favorablement impressionné lors des journées anniversaires par le petit dernier d’Auris, qui n’était pas encore finalisé, mais qui m’avait semblé très intéressant, surtout en regard du prix annoncé. La comparaison avec le Moon avait été cruelle...
Habitant à 5/10 min. à pied du showroom de Pierre, j’ai donc pu venir jeter une oreille à un Euterpe de série, reçu deux jours avant et à peine rodé… avant de venir prendre livraison de l’un de ses frères le lendemain matin. Je ne l’ai testé qu’avec mon propre Clear, ayant le matin même écouté une série d’enregistrements que j’affectionne particulièrement pour tenter de mémoriser des rendus. Cette méthode est peu rigoureuse, j’en conviens... voire présomptueuse.
Au risque d'être un peu long...
Les Humoresques de Sibelius, joués par Nicolas Dautricourt, bénéficient d’une prise de son exceptionnelle, le grain des cordes étant particulièrement bien restitué. À l’écoute, j’ai été immédiatement convaincu, par une belle impression de matière, infiniment plus subtile que ce que je peux percevoir avec ma propre installation. Le rendu des timbres est très beau... et très juste.
Passons aux Sonata « a quattro » de Rossini (il avait 12 ans quand il a composé la 1ère !), dans le très bel enregistrement paru chez Bis en 2017… Là encore, très belle surprise. La contrebasse, relativement peu différenciée sur mon ensemble, ressort avec beaucoup de matière et d’ampleur. La scène sonore, sans être spectaculaire, est très « juste ». L’Euterpe m’a notamment surpris par sa capacité à différencier les contre-chants, en restituant un grave crédible, qui n’envahit pas l’espace de manière peu naturelle.
Passons à Baïlero, un des chants d’Auvergne de Canteloube, œuvre rutilante et particulièrement chatoyante, chantée avec beaucoup de justesse par cette grande dame du chant qu’est Véronique Gens. L’orchestre peut être assez envahissant, aux dépens de la voix. Un bon amplificateur (j’ai changé mon amplificateur « de salon » il y a seulement deux mois…) parvient à restituer en général avec bonheur cet équilibre. Ce n’est pas le cas avec mon NX03, qui a tendance à mettre en avant la masse orchestrale. C’est en revanche le cas avec l’Euterpe, qui rend de surcroît de manière très crédible le chant du hautbois avec de très beaux coloris. Un beau moment d’émotion musical.
Florent Schmitt n’est pas un compositeur facile et n’a jamais cherché la facilité (Son quintette est un des plus grands chefs-d’œuvre de la musique occidentale). Ombres, pour piano, est une œuvre très difficile à rendre, car elle fait appel à une grande palette harmonique, l'oeuvre étant très dense. La restitution du piano est toujours un exercice redoutable. Je ne connais guère d’instrument plus difficile à enregistrer. L’écoute s’est avérée là un peu moins convaincante, ayant ressenti quelques duretés et un rendu un peu brouillon sur les passages polyphoniques très riches. on va toutefois très au-delà de ce que j'ai pu entendre dans cette gamme de prix.
Autre enregistrement impitoyable, le motet Flos florum de Guillaume Dufay, par l’ensemble Musica Nova. Ce grand motet isorythmique à trois voix, d’une grande complexité, est d’une exceptionnelle richesse harmonique, très difficile à restituer, d’autant que l’enregistrement est un peu réverbéré : on a le sentiment d’être au « milieu » des voix, qui peuvent sembler un peu dures et vite agressives. À l’écoute ces duretés sont bien présentes : l’Euterpe ne triche pas en enrobant la musique. Je le trouve relativement « droit », plutôt « clair », ayant une belle capacité à restituer la matière sonore, même si l’on n’est pas au niveau de ce que j’ai pu entendre avec le HA 2 SE (qui est réellement exceptionnel). On est en tout cas bien au-delà de ce que mon Rudistore, plus flatteur, restitue.
Enfin, dernière écoute, les Vespri per l’Annuzione de Vivaldi, dirigées par R. Alessandrini, enregistrement somptueux, très dynamique. C'est ce que peut faire de mieux un preneur de son. Là encore, belle surprise. Le clavecin ne ferraille pas, les cordes anciennes ne sont pas acres, les parties de violoncelle, basson, contrebasse n’envahissent pas les voix, en nuisant à la carté du message.
Au final, deux heures d’écoute ne m’ayant pas laissé de sentiment de frustration, de manque ou d’incertitude. C’est assez rare en matière de haute fidélité… La comparaison avec le grande frère (HA 2 SE), alimenté par le dac XI Audio Sagra, n’est évidemment pas favorable à l’Euterpe, mais les prix n’ont rien de commun. L’équilibre offert par cet ensemble a en tout cas réussi par me convaincre, ce que confirment les premières écoutes à domicile. On trouvera mieux mais à ce prix-là, j’en doute…
- casque : Focal Clear ; Ampli-Dac : Auris Euterpe
- ampli : Rega Elex-R ; enceintes : JMR Bliss ; Sources : Heed Abacus + Rega Apollo-R