Bonjour à tous
Pour compléter ou actualiser le compte-rendu de Jef (en 2019, déjà…) voici mon retour sur le casque Grado GS3000e que j’ai possédé pendant plus d'un an.
J’en profiterai pour faire une rapide comparaison avec d’autres casques que j’ai pu écouter assez longuement : la « référence » Utopia, le vénérable Kennerton Thekk et aussi les ZMF open Vérité et Atrium. La qualité « Made in France » face à l’esprit musical russe (malgré l'actualité) ou américain en quelque sorte.
Les écoutes ont été effectuées au départ - pour la première comparaison entre l’Utopia et le Grado sur un modeste mais bon baladeur numérique, le Fiio M11 Pro - puis sur sur un Auris Ha2 SE (que Charles, son ancien propriétaire, a su magnifier avec un tube Telefunken).
Je ne suis pas du tout expert dans le domaine technique (courbes de fréquences et autre…). Ce sera donc plutôt une expérience musicale parmi d’autres, sur des styles variés, et un ressenti personnel.
Je commencerai par comparer l’Utopia et le Grado que j’ai pu comparer pendant plusieurs mois. J’avais eu un coup de coeur pour l’Utopia après l’avoir écouté dans une boutique nantaise. Il surpassait pour moi les autres caques. par le sens du détail qu’il apporte, notamment sur des musiques plutôt chargées en instruments et voix (le morceau « Runaljod » du groupe Wardruna en est un bon exemple).
Son autre point fort est selon moi la neutralité de ce casque et la facilité avec laquelle le son est décomposé sous forme de bulle sonore très enveloppante. Et un confort exceptionnel malgré son poids. Par contre écoutant souvent de la musique des années 80/90 pas toujours bien enregistrée ou remasterisée, ce casque est aussi sans pitié avec ces musiques, avec un son alors maigre et parfois métallique, qui vous fait regretter une écoute Vinyles sur enceintes.
Côté confort je serai plus mitigé sur le Grado. Un casque plus léger mais des pads qui viennent recouvrir les oreilles au lieu de les envelopper. Ceci dit on s’y fait très vite car sur des écoutes longues, ce casque est très bien. Le seul inconvénient étant pour les porteurs de lunettes (et qui travaillent en écoutant de la musique) un petit inconfort.
Autre point négatif du Grado, un câble plutôt lourd, non détachable et qui s’entortille facilement.
Venons en aux compliments et à çe qui m’a fait préféré ce casque à l’Utopia. Tout d’abord ce casque est construit simplement mais avec des coques en bois de Cocolobo de toute beauté. On est loin de la technologie de Focal mais beaucoup plus proche de ce que je recherchais pour une association avec le bois de L’Auris. Le visuel a aussi son importance
D’un de vue musical le Grado a 3 grandes qualités :
- La vivacité avec laquelle la musique est présentée. On parle souvent de proximité avec l’artiste ou la scène. Avec ce casque vous êtes proche du 1er rang ou avec les musiciens. La musique est punchy, dynamique, les timbres de voix naturels, les solos de guitare vifs et prenants. La musique en live est parfaite pour ce casque (l’album « Endless Revisions Live » de Chloe est un régal à écouter)
- La scène sonore, à mon avis unique, du Grado. Une signature très typée, en V, des effets de spatialisation gauche/droite peut-être un peu accentués mais qui procurent une émotion et un plaisir immédiat, très fun et vivant. Tout est rapide, rythmé, clair.
- La capacité de ce casque à lire tous les types de musique et d’enregistrements même de qualité moyenne. Magnifique sur des voix masculines et des musiques acoustiques ou électroniques (Baschung, Murat, David Sylvian), à l’aise sur les voix féminines parfois hauts perchées (Lisa Gerrard, Karen Perris, Laura Gibson ou Laura Vers), la musique contemporaine (Michael Rother et son album dreaming) ou jazz (les 2 derniers albums d’Avishai Cohen sont magnifiques sur ce casque). Et surtout, amis des années 80, les albums de mes groupes préférés (Depeche Mode, Prefab Sprout, Tears for fears, Fleetwood Mac, Jethro Tull … ) reprennent vie.
En résumé, vous vous amusez et prenez chaque fois du plaisir quelque soit le genre de musique (un petit bémol peut-être pour les amateurs de musique classique qui n’est peut-être pas la mieux restituée). Aucun souci par contre pour la musique baroque. Une petite critique aussi sur les aigus, avec parfois un peu de sibilance, mais peu gênante.
A côté, l’Utopia, malgré son côté plus « résolu », apparaît plus froid, pas forcément clinique mais vous écoutez davantage la musique que vous ne la vivez. Cela peut bien sûr correspondre à un style d’écoute, plus douce et contemplative. N’ayant pu écouter l’utopia sur un ampli casque dédié comme l’Auris, je ne pourrai pas cependant juger vraiment ce casque mais globalement il ne correspondait pas à ce que je recherche.
Je passe au Kennerton Thekk, mon premier essai de planar, une référence pour beaucoup que j’aurai pu acheter les yeux fermés, en lisant les nombreuses critiques et avis tous aussi élogieux les uns que les autres. Alors j’éviterai de critiquer ce casque (écouté quelques jours) même si mes premières impressions étaient plutôt négatives : musicalité en retrait, neutralité sans doute parfaite mais un peu ennuyeuse, peu d’émotion ressentie…
J’ai donc arrêté de faire une comparaison directe avec le Grado et essayé de découvrir les qualités propres à ce casque qui semblaient m’échapper. Et plusieurs sont apparues : un bon sens de l’équilibre avec une grande aération, la qualité de placements des instruments, une justesse des voix… Mais pas de coup de coeur. Le Grado garde ma préférence.
Même déception ressentie sur le casque ZMF Vérité, qui a plutôt bonne presse, avec un peu le même ressenti que pour le Thekk, ce manque de vie et d’immersion.
J’avais écouté ce casque pour le comparer au dernier casque ZMF, l’Atrium, qui a réussi de son côté à détrôner le Grado.
Je ferai un compte-rendu plus détaillé sur ce casque d’ici quelques temps. Mais si je devais donner ici mes premières impressions, je dirai que l’Atrium pour ceux qui aiment l’écoute vivante et live du Grado me semble surpasser ce dernier dans de nombreux domaines, en y ajoutant une puissance, une scène sonore que l’on peut qualifier d’holographique, et un sens du détail bluffant, que je ne connaissais pas. Un casque décrit comme plus « sombre » (à voir), avec des basses plus présentes et un son presque « tactile » ou physique. Ce n’est pas un casque reposant comme le Grado mais la mise en scène est très différente de ce que l’on connaît habituellement. Le meilleur de l’Utopia et du Grado réunis peut-être ?
Dans tous les cas, le Grado dont il est sujet ici reste pour moi un casque formidable et son association avec l’Auris est magique (même si je ne connais que cet ampli casque). Deux valeurs, pas très récentes mais qui procurent un plaisir musical quotidien.
Un dernier mot pour vous dire combien il est important d’écouter et de comparer avant d’acheter ses petits bijoux qui restent quand même chers. Un casque correspond vraiment à un style d’écoute et un ressenti intime. Et je voudrais donc vraiment remercier les professionnels et passionnés de musique qui nous permettent de choisir le ou les casques qui nous conviennent le mieux.
Amitiés à tous et merci de m’avoir lu
Patrick